En Afghanistan, des responsables talibans ont été filmés en train de danser au rythme de la musique, deux activités qu’ils ont immédiatement interdites lors d’une répression draconienne à leur retour au pouvoir.
Le groupe militant, qui interdit la musique, la danse et toute forme de célébration publique, a été filmé en train de se balancer et de tournoyer avec des armes en bandoulière dans un parc de l’ouest d’Herat.
Peu de temps après avoir pris le pouvoir en Afghanistan, les talibans ont non seulement interdit la musique, mais ont également battu et humilié en public les musiciens, gardiens de traditions culturelles afghanes en voie de disparition rapide.
La police des mœurs des talibans patrouille toujours dans les rues, jour et nuit, à la recherche des contrevenants. Les Afghans surpris en train d’enfreindre cette interdiction peuvent être battus ou emprisonnés.
La police des mœurs applique les lois strictes des talibans, notamment un code vestimentaire strict et la ségrégation entre les sexes dans la société.
Cependant, de nombreuses vidéos, examinées par The Telegraph, montrent les talibans en contradiction avec leurs propres règles.
Dans une vidéo, un groupe de combattants danse tandis que d’autres les regardent depuis le toit d’un véhicule 4×4 abandonné par les Américains. Dans une autre, des gens ordinaires semblent les regarder danser.
Les responsables talibans enfreignent leurs propres règles en matière de danse au rythme de la musique
Une rupture avec la culture occidentale
« Lorsque le fils de mon commandant est né, nous l’avons célébré en dansant dans la cour de notre commissariat de police », a admis au Telegraph un responsable taliban de la province méridionale d’Helmand.
Il a expliqué que de nombreux combattants ne croient pas que la danse soit restreinte par la religion, mais l’interdiction est maintenue par les autorités qui souhaitent marquer une rupture avec la culture occidentale.
Des membres des talibans dansent pour célébrer le premier anniversaire du retrait des troupes américaines – Wakil kohsar/AFP via Getty
« Ils veulent intimider les gens et leur faire savoir que les Américains sont partis et que nous sommes désormais au pouvoir », a-t-il déclaré.
Un responsable du ministère de l’Information et de la Culture des talibans a refusé de commenter cette apparente politique de deux poids deux mesures.
Ces vidéos sont apparues alors que le gouvernement a resserré son emprise sur la musique et la danse ces dernières semaines, les déclarant comme un véhicule de « corruption morale » qui doit être purgé de la société.
Ces mesures draconiennes s’étendent même aux véhicules personnels, où il est interdit de diffuser de la musique à la radio.
Points de contrôle
Les postes de contrôle des talibans ont surgi dans les centres urbains et sur les routes rurales. Des combattants au visage sévère, fusils à la main, obligent les véhicules à s’arrêter si les passagers écoutent de la musique.
« Ils m’arrêtent presque tous les jours », a déclaré Reshad, un habitant du nord de Maymana.
« Ils me menacent, me disant que je ne devrais pas écouter de musique, mais plutôt écouter le Coran. La dernière fois, ils m’ont emmené au commissariat parce que j’écoutais une chanson iranienne dans ma voiture.
« Ils m’ont giflé et m’ont dit qu’ils garderaient ma voiture pendant trois semaines », a-t-il affirmé.
Les mariages afghans, autrefois rythmés par la musique et la danse, sont désormais également devenus plus discrets.
Les sons traditionnels du tambour dhol et de l’harmonium, qui depuis des siècles célèbrent les nouvelles unions, sont désormais interdits.
Des combattants talibans dansent dans les rues en 2022 après le retrait des États-Unis – Wakil Kohsar/AFP
Mariages silencieux
Les familles sont obligées de célébrer les événements en silence ou avec des chants et des discours religieux approuvés.
Les salles de mariage, autrefois animées, sont désormais silencieuses et vides. Nombre d’entre elles ont fermé car elles ne peuvent pas attirer de clients pour les cérémonies.
« Environ 20 d’entre eux ont fait irruption lors de mon mariage », a affirmé Jalili Ahmad, 28 ans, décrivant comment son mariage dans un jardin privé à l’extérieur de la ville d’Herat a été attaqué par les talibans à cause de la musique et de la danse en mai.
Lui et plusieurs de ses invités ont été battus, les femmes ont été dispersées et six personnes, dont son père et son beau-père, ont été détenues pendant 10 jours.
« Ils nous ont humiliés et ont détruit le plus beau jour de ma vie », a-t-il déclaré. « Ils sont en guerre contre le bonheur. »
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